Il n’y a pas de recette miracle mais plus que jamais, parions sur l’humain !
Sorti en salles le 16 février 2022, Un Autre monde nous plonge dans les déchirements intérieurs d’un manager partagé entre le souhait de tenir les objectifs qui lui sont fixés et la vision humaniste d’un management qui a toujours guidé son quotidien. Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain nous livrent ici une interprétation remarquable de réalisme de la complexité des interactions qui cohabitent naturellement entre vie professionnelle, vie personnelle et sens de la vie.
Un autre monde : vraiment ?
L’écartèlement de Vincent Lindon face aux injonctions dictées in fine par les Marchés est-il aussi exceptionnel que cela ?
La solitude du manager qui comprend les intérêts de l’entreprise mais ne partage pas la vision des solutions de sa mise en oeuvre est-elle aussi exceptionnelle que cela ? Un manager qui se retrouve en porte-à-faux avec ses convictions personnelles, allant en conséquence de maladresses en maladresses au point d’en perdre son poste : est-ce aussi exceptionnel que cela ?
Stéphane Brizé nous offre dans son dernier film un excellent casting pour illustrer avec justesse la ligne de crête que représente l’accompagnement du manager dans la conduite du changement de ses équipes : tout est remarquablement joué car non sur-joué ; les portraits psychologiques et les états d’âmes sont profonds ; les vrais sujets, nombreux.
Très touchant, ce directeur de site de production performant ressemble à beaucoup de femmes et d’hommes qui, sans rougir, peuvent aisément s’identifier à lui : il manifeste une grande implication professionnelle, un engagement corps et âme au service de son site, s’attache à l’humanité qui se cache derrière chacun de ses salariés, tout en veillant à maintenir le cap de ses objectifs, ce qui n’est normalement pas incompatible.
Adventia a accompagné de nombreux managers comme celui incarné par Vincent Lindon, pris dans l’étau d’histoires similaires : le contexte est souvent psychologiquement lourd et toujours chargé d’affect, le sentiment de vivre une incohérence interne impacte socialement toute l’entreprise, le risque social est donc fort.
Quels que soient les objectifs ou les impératifs de l’entreprise, cette solitude du manager attentif à ses équipes ne viendrait-elle pas souvent du manque de moyens pour « faire proprement » des choses difficiles ? Toute décision ne serait-elle pas audible si ses fondements étaient partagés avec pédagogie et sa mise en oeuvre réalisée dans le respect réel des personnes ?
Lors d’un PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi), qui n’est jamais anodin et souvent traumatisant, le pari d’offrir un avenir à chacun de ceux qui quittent l’entreprise, est possible.
L’engagement de résultat est plus que souhaitable car il oblige chacun envers les collaborateurs concernés et permet d’incarner la réalité de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) par un message tout simple : chacun est important, quel que soit son niveau hiérarchique et son ancienneté dans l’entreprise. Il y aura donc une solution adaptée pour tous !
Si certaines personnes font rapidement le deuil de leur situation, d’autres sont plus ou moins déstabilisées par la suppression de leur poste et vivent parfois la rupture de leur contrat de travail comme un sentiment d’échec, souvent pour des raisons connexes extérieures à l’entreprise (fatigue, maladie, dépression, conjoint au chômage, difficultés financières ou familiales…). Cette réalité est non seulement à prendre en compte d’un point de vue humain, mais elle est cruciale pour poser les conditions d’un reclassement professionnel solide et réellement satisfaisant.
Une fois seulement la confiance en soi rétablie, la construction d’un projet devient pertinente. Si la réalisation de celui-ci nécessite une formation de courte ou longue durée, celle-ci n’est pas une fin en soi mais seulement la première étape, importante certes, de sa réalisation.
Pour en revenir à Philippe Lemesle, incarné par Vincent Lindon, se serait-il senti moins démuni face à son personnel en s’appuyant sur une approche mêlant attention réelle portée aux personnes, respect de la dignité de chacun et engagement de résultat ? C’est probablement tout ce qui lui était nécessaire pour être en accord avec lui-même. Aurait-il fédéré plus facilement ses équipes et ses partenaires sociaux autour d’une telle décision ? Il est évident que la préparation de la communication sociale et son partage en vérité avec les divers protagonistes déterminent l’apaisement des partenaires comme des collaborateurs.
Adventia a cette conviction et l’expérience nous l’a prouvé